Lancement du projet NANO-GATE : quels sont les impacts des nanoparticules d’origine humaine dans l’Océan Arctique ?
Une collaboration franco-canadienne* de chercheurs et chercheuses, mené par Julien Gigault, chercheur au CNRS, a reçu un financement de 610 000 euros de l’agence Nationale de la recherche (ANR). Le projet NANO-GATE doit permettre de caractériser la présence et les propriétés des nanoparticules dans l’Océan Arctique. Le projet a débuté les 8 et 9 février par une réunion de lancement réunissant les équipes impliquées sur le projet.
Les études scientifiques récentes confirment que l’impact de l’humain sur la Terre est sans précédent. Les activités humaines et leurs rejets affectent les cycles biogéochimiques notre planète, c’est-à-dire qu’elles ont une influence sur les échanges d’éléments chimiques entre les organismes vivants et leur environnement.
En 2020, une équipe de chercheuses et chercheurs** a estimé que la Terre avait franchi un point de bascule : la masse produite par l'homme (plastiques, dioxyde de titane, particules de suie ultrafines…) avait dépassé la biomasse, c’est-à-dire la masse de la matière organique naturelle (végétale, animale, bactérienne et fongique). Ainsi, les flux de matières générés par l’Homme et pénétrant chaque année dans l'environnement sont estimés à 2,3 millions de tonnes. Ces particules d’origine anthropique atteignent les océans via l'atmosphère et le ruissellement fluvial et interagissent avec les cycles biogéochimiques marins, de l'échelle microscopique à l'échelle nanométrique.
Malgré sa taille relativement petite et ses faibles contacts directs avec les activités humaines, l'Océan Arctique est l'un des océans les plus exposés aux impacts anthropiques. L’Océan Arctique subit des modifications rapides dues au dérèglement climatique. Ses conséquences - dégel du pergélisol, modifications des débits des rivières… - influencent elles aussi la productivité biologique, la structure de l’écosystème, les échanges entre la mer et l’air mais aussi encore la répartition des particules et des contaminants d’origine humaine. On estime à 100 à 1 200 de tonnes la quantité de plastiques présente dans l’Océan Arctique, transportés par l’atmosphère sur de longues distances puis déposés sur l’Océan.
Pour caractériser la présence et le cycle biogéochimique des nanoparticules d’origine anthropiques dans l’océan Arctique, une équipe de chercheuses et de chercheurs a reçu un financement de 610 000 euros de l’Agence Nationale de la Recherche, sur un coût total de 1,5 millions d’euros. Ce projet, NANO-GATE, ciblera les nanoplastiques, le dioxyde de titane et les nanosuies en raison de leur rejet massif dû aux activités anthropiques, de leur forte capacité à lier des contaminants secondaires dans l'environnement et de leur omniprésence attendue dans l'Océan Arctique.
*Laboratoires Takuvik (CNRS / Université de Laval, Canada), CEREGE (CNRS / Université Aix-Marseille / IRD / INRAE / Collège de France), LEGOS (CNRS / CNES / IRD / Université Toulouse III), GET (CNRS / IRD / Université Toulouse III / CNES), LEMAR (CNRS / Université de Bretagne Occidentale / IRD / IFREMER)
** Elhacham, E., Ben-Uri, L., Grozovski, J. et al. Global human-made mass exceeds all living biomass. Nature 588, 442–444 (2020). https://doi.org/10.1038/s41586-020-3010-5